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VENT DU MONT SCHÄRR
Petit Campus, avril 2008

En 1988, j'avais 16 ans et je découvrais le merveilleux monde de la musique "alternative". J'écoutais assidûment la station radiophonique de l'Université McGill (CKUT 90,3) ainsi que celle de l'Université de Montréal (CISM 89,3). Je fréquentais le défunt magasin de disques Dutchy's (rue St-Laurent) et j'étais un fan fini de New Music Foundation, diffusé sur CHOM-FM et animé par Benoît Dufresne (les rênes de ce show radio aujourd'hui culte ont ensuite été remis à Claude Rajotte). C'est aussi en 1988 que j'ai assisté à mon premier concert aux Foufounes Électriques. En remettant un 10$ au Gros Michel (regretté portier de l'endroit), j'ai pu voir et entendre le groupe français qui m'a allumé à la musique punk: Bérurier Noir. Souvenirs, souvenirs...

À cette époque, un quatuor montréalais francophone se distinguait particulièrement des autres grâce à sa musique hétéroclite et, surtout, grâce à ses textes en joual aussi vulgaires qu'hilarants. Avec des titres comme Tout allait ben, Sophie Stiquée, J'va aller m'tuer ou Shirley, Vent Du Mont Schärr - j'espère que vous avez saisi le jeu de mots - était un incontournable de la scène punk locale, son chanteur, l'imposant Jean-Luc Bonspiel, étant reconnu pour se foutre complètement à poil sur scène! 20 ans plus tard, Bonspiel ne se fout plus à poil (il ne retire désormais que le haut!) mais il possède encore cette voix de dur et ce phrasé de gars de la rue qui font de lui un digne descendant de Lucien Francoeur, ses vieux potes musiciens évoquant Aut'Chose. Parce que oui, bien sûr, les gars ont vieilli (Bonspiel a soulevé à quelques reprises leur statut de "grands-pôpas fatigués"), sauf que le grand retour de VDMS sur scène n'avait rien de gérontologique. Pour preuve, après les prestations de Kid Sentiment (insignifiante) et des Prostiputes (pas mal plus divertissante, présentation d'un nouveau clip en prime), le groupe que tout le monde attendait est monté sur scène tout juste avant minuit - il faut dire que la joute entre le CH et les Bruins a retardé de quelques 45 minutes le début du spectacle au grand complet.

Jusqu'à 1h25 du matin, VDMS a ainsi fait honneur à sa légende en enfilant ses compos, certaines récentes, d'autres datant de plus de deux décennies et certaines autres anglophones - dont la prisée Jump Off A Building -, la presque totalité en-deçà de deux minutes et demie. Sarcastique, poétique et toujours aussi bedonnant (et poilu), Bonspiel nous en a donné pour notre gros 8$ (le prix d'entrée à la porte), décrivant la Sophie Stiquée en question d'une manière plus mordante que jamais, parlant de ses "problèmes sexuels", affirmant qu'il n'avait "pas d'chance", tentant de nous faire croire que "tout allait ben" ou chantant la pomme à sa Shirley bien-aimée. Un show unique, apprécié de tous et espéré depuis très longtemps (18 ans pour être précis), avec un devant de scène qui brassait et des ex-punks qui jubilaient et qui ont réussi à soutirer deux rappels au Schärr. De quoi faire oublier la dure défaite du Canadien à Boston.