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![]() LIMP BIZKIT et EMINEM Centre Molson, octobre 2000 Après le passage de Stone Temple Pilots et des Red Hot Chili Peppers au Centre Molson de Montréal en août dernier, on se disait que le concert rock de l'année venait d'être donné et que le reste de 2000 serait bien tranquille. C'était jusqu'à ce qu'on annonce la mise en vente des billets pour un spectacle réunissant Limp Bizkit et Eminem au même endroit, avec la populaire formation Papa Roach et le percutant rappeur Xzibit en première partie. Le rêve de tout ado rebelle venait de se concrétiser. D'accord, l'immense succès d'Eminem et de la bande à Fred Durst est beaucoup plus attribuable au hip-hop qu'au rock. N'empêche que très peu de groupes rock ont réussi à mettre une foule considérable dans sa petite poche arrière aussi bien que Limp Bizkit l'a fait hier soir. Et cela tout en faisant sauter le plafond d'un gigantesque amphithéâtre. Mais parlons tout d'abord de ce cher Marshall Mathers. Après des performances courtes mais très honorables de Xzibit (qui a bien paru en rappant avec presque tout le monde et en livrant une partie de What's The Difference de Dr. Dre) et Papa Roach (performance plus qu'honorable dans ce cas-ci), Monsieur Slim Shady est apparu sur les planches vers les 20h30 dans une mise en scène digne de Jason qui se serait lié d'amitié avec la sorcière du Projet Blair, court-métrage à l'appui. Pendant une heure et dix minutes, les fans du blanc-bec juvénile se sont agrippés à ses lèvres et celui-ci a bien servi ses fidèles avec ce franc-parler qui a failli lui interdire l'accès au pays, un décor sorti tout droit d'Amityville et les hits Kill You, Stan, Forgot About Dre et The Way I Am sans oublier The Real Slim Shady, servis en compagnie de sa troupe D-12. Pas de My Name Is par contre, si ce n'est qu'une amorce qui s'est vite transformée en parodie hilarante de *NSYNC, l'une des nombreuses têtes de turc d'Em. La foule présente a aussi eu droit à un dessin animé mettant en vedette Slim Shady que même les créateurs de South Park (dont certains personnages faisaient partie de l'histoire) n'auraient osé diffuser... Si Eminem nous a offert somme toute un bon spectacle, ou à tout le moins une meilleure prestation que sur disque, Limp Bizkit, lui, est reparti avec le Centre Molson sous son bras. Dès le premier riff, reconnaissable entre tous, de Break Stuff (que Fred Durst a "gentiment" dédié à "this bitch" Christina Aguilera), on savait que la table était mise pour une soirée infernale. Après My Generation, Re-Arranged et Counterfeit, pour ne nommer que celles-là, le chanteur a proposé aux fans cordés dans les gradins de descendre à sa rencontre. En trois minutes, le parterre du Centre Molson s'est transformé en mini-Woodstock 99 sans les feux. Très rarement a-t-on assisté à plus impressionnante démonstration du pouvoir qu'un artiste peut exercer sur une foule, aussi déchaînée soit-elle. Inutile donc de dire que sur scène, Limp Bizkit déménage, et pas à peu près. Durst et Wes Borland sont beaux à voir (sûrement le plus intéressant duo chanteur-guitariste depuis Axl Rose et Slash) et DJ Lethal tout autant. Des pièces comme Faith (ce célèbre emprunt à George Michael), Full Nelson, Rollin' (danseuses et hallucinant breakdancer du clip en prime), Take A Look Around (le thème de MI:2) et Nookie (qui a clôturé le concert) prennent toute leur signification sur les planches, ce qui fait paraître les versions cédés encore plus ternes qu'elles ne l'étaient déjà. Avec moult explosifs et ce décor en forme de robot Transformer, on comprend aisément pourquoi la foule ne se pouvait tout simplement plus hier soir. Du très solide. On a beau détester Fred Durst pour son attitude ou son flow irritant, on doit par contre lui reconnaître une grande présence scénique, une énergie inépuisable et une facilité incroyable à communiquer avec la foule. Vivement le retour de Limp Bizkit à l'intérieur de nos terres. |